Wednesday, September 10, 2008

OUVERTURE "ANNEE BIENHEUREUX ISIDORE BAKANJA"

Ce dimanche 7 septembre 2008,
jour choisi par les évêques de la RDC pour l'ouverture de l'année « Bienheureux Isidore Bakanja ». Cet événement a eu lieu dans toutes nos paroisses du diocèse. C'est à Lovo, paroisse Bienheureuse Anuarite, que S.E. Mgr Mbuka Cyprien, cicm, évêque de Boma, a choisi d'ouvrir cette année. Il y avait une grande foule à la messe, animée par une chorale locale, appuyée par la fanfare diocésaine. Toutes les paroisses du doyenné de Boma y étaient représentées. On a noté dans l'assistance la présence de l'Honorable Sénateur Jacques MBADU, l'un des bienfaiteurs de cette paroisse. Un couple s'est marié dans le Seigneur à cette même occasion.
La paroisse de Lovo se modernise : plusieurs chantiers… Nos vives félicitations à l'équipe sacerdotale et à toute la communauté chrétienne de Lovo.
Ci-après vous trouverez le Message des évêques ainsi que le programme qu'ils proposent pour toute l'année « Bienheureux Isidore Bakanja. » (septembre 2008-septembre 2009).
A la fin de tout, vous trouverez également, comme de coutume, l'adresse qui vous permettra d'accéder aux diapositives de l'événement.
Exhortations des évêques :
ANNEE BIENHEUREUX ISIDORE BAKANJA
EXHORTATION AUX LAÏCS CATHOLIQUES



Chers frères et sœurs dans le Christ,
Chers fidèles laïcs,
1. Nous, Archevêques et Evêques, vos Pères dans la foi, réunis en session ordinaire de l’Assemblée plénière de la Conférence Episcopale Nationale du Congo, avons décrété la période de septembre 2008 à septembre 2009 l’ « Année Bienheureux Isidore BAKANJA ». Nous voulons, à l’occasion du centenaire de son martyre, vous mobiliser, vous laïcs catholiques, pour qu’à son exemple, vous puissiez intensément continuer à répondre à votre vocation à la sainteté et à votre mission de témoigner par la fidélité aux engagements de votre baptême.
2. Isidore BAKANJA est né à Bokendela dans la province actuelle de l’Equateur vers 1885. Quittant son village, il vient s’installer à Mbandaka où il se fait baptiser le 6 mai 1906 et confirmer quelques mois après, soit le 26 octobre 1906. Dès ces jours, il cultive une dévotion spéciale pour la sainte Vierge Marie. Malgré les ennuis rencontrés dans son travail à cause de sa fidélité au Christ, il reste ferme dans sa foi jusqu’à perdre son emploi. Il meurt à l’Assomption, ou peu de jours avant, à la suite de l’atroce flagellation qu’il a subie le 2 février 1909, après avoir pardonné à son bourreau. Sentant sa mort prochaine, il reçoit l’onction des malades le 24 juillet 1909, Dans l’imitation du Christ qu’il suit dès son baptême, Isidore BAKANJA vit à sa façon comme saint Paul qui disait : « Pour moi, vivre c’est le Christ. » (Ph 1,21). Aussi aimait-il affirmer : « Pour moi, vivre c’est être chrétien ». Le 7 juin 1917 ses restes sont exhumés puis inhumés au centre de la paroisse Immaculée Conception de Bokote. Il est reconnu et proclamé Bienheureux le 24 avril 1994 par Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II d’heureuse mémoire. En 1999, nous l’avons déclaré patron des laïcs de la RDCongo et avons institué la Journée du laïcat le premier dimanche du mois d’août qui coïncide avec sa fête.
3. Le courage de foi avec lequel notre frère Isidore BAKANJA affrontait les supplices qui lui étaient infligés doit constituer, cent ans après, une interpellation toujours actuelle pour nous chrétiens catholiques de la RD Congo. Son martyre démontre qu’on ne doit pas hésiter à donner même sa propre vie pour Jésus-Christ. Mais il faut déjà vivre le « martyre » dans la consistance de la vie quotidienne, notamment en donnant sa vie pour le Christ au service de ses frères : dans l’amour de sa femme, de son mari, de ses enfants, de ses amis, dans la manière d’accomplir son travail, dans le don total de soi pour répondre aux nécessités du prochain. A chacun, dans ce qui relève de son autorité et de sa responsabilité, d’imiter le courage de foi du Bienheureux Isidore BAKANJA.
4. La célébration du centenaire du martyre du Bienheureux Isidore BAKANJA, laïc comme vous, vous situe ainsi au cœur de votre mission qui est le témoignage courageux du Christ en toute circonstance. Seuls ceux qui lui restent fidèles, c’est-à-dire ceux qui lui sont intimement liés et qui se laissent éclairés par lui, sont capables de porter la Croix. Le grand défi est donc d’ « être des hommes et des femmes saints », c’est-à-dire d’une humanité vraie et avec une vie chrétienne pleine. Vous apporterez ainsi le trait distinctif et fécond de votre foi qui fait de vous « le sel de la terre et la lumière du monde » et qui vous rend capables de transformer les centres vitaux de notre société selon le dessein de Dieu. Mais cela ne sera possible que si, dans l’oraison quotidienne, vous offrez à Dieu de petits sacrifices ou mortifications, notamment ceux grâce auxquels vous accomplissez de mieux en mieux votre travail professionnel et grâce auxquels vous rendez agréable la vie de ceux qui sont autour de vous.
5. A cet effet, une participation régulière aux sacrements de la Pénitence et de l’Eucharistie est aussi nécessaire. Car, on ne peut participer efficacement à la mission de l’Eglise, on ne peut être des apôtres authentiques du Christ qu’en rénovant constamment son rapport personnel avec lui. Aussi, le Pape Jean-Paul II disait-il aux laïcs réunis en congrès en 2000 à Rome : « N’oubliez pas que les fruits de l’apostolat dépendent de la profondeur de la vie spirituelle, de l’intensité de la prière, d’une formation constante et d’une adhésion sincère aux orientations de l’Eglise. (…) Si vous êtes ce que vous devez être – c’est-à-dire si vous vivez le christianisme sans compromis – vous pourrez enflammer le monde entier »
[1] comme le fit en son temps, l’infatigable messager de l’Evangile, Saint Paul, l’Apôtre des Gentils.
6. Homme de courage, Isidore BAKANJA ne s’est pas laissé abattre par la peur et le désespoir. La peur fait que nous pactisons avec le mal, nous renonçons à nos convictions les plus profondes et nous laissons faire. Nous nous cachons, nous nous taisons, nous devenons complices. Le désespoir nous rend fatalistes. Nous nous désengageons de nos obligations et nous laissons le monde se construire sans nous. Nous tombons dans la résignation. L’inaction nous conduit à considérer Dieu comme bouche-trou, à penser qu’il doit tout faire à notre place. Or la fidélité au Christ nous presse à concilier prière et travail. Une vie en harmonie avec Dieu et avec les hommes n’est possible qu’à ce prix. C’est de cette façon que chacun pourra parvenir à réaliser sa vocation à la sainteté et à accomplir sa mission dans le monde, confiant au Christ qui nous a dit : « Je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28, 20).
7. Faire la volonté de Dieu, qui nous a confié la gestion de l’univers, c’est agir pour créer de nouvelles choses et conserver ou sauvegarder les bonnes et les belles des anciennes. « Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la » (Gn 1, 28). A tout vouloir recommencer, on perd le temps. Le moment est venu de sortir de la logique du pillage, de la mentalité de la destruction et de la culture de la mort. La construction et la reconstruction vont de pair avec l’entretien et la maintenance.
8. Fort de son baptême et de sa confirmation, Isidore BAKANJA, seul chrétien dans son milieu de vie et de travail, n’a pas attendu un mandat spécial pour faire l’apostolat. Nous nous réjouissons de l’engagement toujours plus actif et toujours plus fructueux des laïcs au service à l’intérieur de l’Eglise. Cependant nous regrettons que pour beaucoup d’entre vous, être catholiques se réduit à une certaine pratique religieuse et à quelques choix très personnels d’ordre moral. La conscience de votre vocation laïque semble être l’apanage de quelques uns, membres de mouvements ou associations de fidèles. Un laïcat qui allie harmonieusement ses connaissances scientifiques et humaines à une solide formation théologique, spirituelle et morale est une bénédiction pour l’Eglise en RD Congo. Cette maturité du laïcat est à cultiver, à rechercher.
9. Dans son drame, Isidore BAKANJA a résisté au système pervers de son temps. La crédibilité de notre foi est toujours mise en cause par le sort réservé aux faibles et aux petits. Vous êtes appelés, au nom de Jésus-Christ, à prendre fait et cause pour l’homme, la femme, l’enfant mis de côté, méprisé, ignoré. Nous ne saurons vraiment nous estimer heureux et nous dire en paix que si, par votre action, l’Etat arrive à garantir un minimum vital à toutes les familles du pays. L’amélioration des conditions socio-économiques, la création d’emplois, la régularité des salaires et décents s’imposent comme préalables à la réalisation de ce noble objectif
[2]. Aussi devriez-vous lutter contre tous les systèmes pervers qui rendent les riches toujours plus riches et les pauvres toujours plus pauvres. L’Ancien Testament ne cesse de nous répéter : « Ne détourne jamais ta face d’un pauvre et la face de Dieu ne se détournera pas de toi » (Tb 4, 7). Et Jésus lui-même nous rappelle : « Ce que vous avez fait à l’un de ces petits qui sont les miens, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40). Dire non à l’injustice, dire non à tout ce qui porte atteinte à la vie et à la dignité humaine, à tout ce qui menace le mariage basé sur l’union indissoluble de l’homme et de la femme, à tout ce qui remet en cause la famille, répond au devoir de sainteté et de témoignage du laïcat. L’Eglise sera toujours pour la vie. Elle soutiendra toujours la famille et défendra toujours les pauvres.
10. Il est inacceptable que des enfants, à longueur des journées et des nuits, traînent dans la rue puisque accusés à tort, mais aussi à cause de la misère, « enfants sorciers ». Le devoir de sainteté et de témoignage devrait vous pousser, vous laïcs catholiques, chacun à son niveau, à lutter contre cette gangrène qui ronge notre société à petit feu. On peut endiguer le phénomène « enfants de la rue » en facilitant l’accès à l’école de tous les enfants, garçons et filles, enfants des riches, mais aussi des pauvres. Le système de la prise en charge des enseignants par les parents a fini par s’apparenter à l’institutionnalisation de l’injustice
[3]. Il s’avère que, en laissant les pauvres sombrer dans l’ignorance, ce système les fragilise davantage. L’accès à l’école doit être gratuit. Nous exhortons chacun à son niveau à prendre ses responsabilités[4].
11. L’avènement d’une société toujours plus solidaire et toujours plus accueillante suppose une politique avec une Justice juste, celle qui garantit les droits de tous et de chacun. Nous vous exhortons donc, chers fidèles laïcs, à vous engager en politique
[5] sous diverses formes et de différentes façons non pour vous servir égoïstement, mais pour servir et aider à la construction d’une société de liberté qui soit plus fraternelle, luttant contre l’exclusion grâce à des choix politiques judicieux et appelant chaque citoyen à l’exercice d’une citoyenneté responsable et à l’engagement personnel en tant que présence d’espérance. Bien compris, le champ politique est le lieu d’apostolat par excellence. C’est une des formes indispensables de l’expression de l’amour du prochain. Aimer son prochain, vouloir répondre à ses attentes, c’est aussi prendre l’engagement politique au sérieux. L’action politique en vue du bien commun est ainsi une exigence de justice. En le rappelant, l’Eglise ne cherche pas à se substituer à l’Etat ou aux gouvernants. Elle souhaite simplement mettre chacun devant ses responsabilités en replaçant l’homme au cœur des choix politiques tout en exigeant considération et justice pour tous, à commencer par les plus démunis. En englobant les autres activités et en les conditionnant, la politique apparaît comme une des fonctions humaines les plus nobles. C’est par elle que les différentes conceptions de la vie, même celles qui heurtent notre conscience, passent dans les faits. La politique est donc le domaine des décisions fondamentales. Partant, il y a lieu de conclure que l’Eglise-Famille de Dieu en RDCongo ne réussira vraiment à faire changer la face du pays que si les laïcs, dans leur vocation, celle précisément d’accomplir leur mission d’évangélisation même dans des lieux et des milieux inaccessibles aux prêtres, s’engagent en politique dans le respect sincère de l’enseignement du Magistère[6].
12. Aussi devons-nous rappeler avec force ces précieuses paroles du Pape Paul VI : « L’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres […] ou s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins »
[7]. De fait notre témoignage ne sera d’autant plus convaincant que si nous vivons ce que nous disons ; si ce dont nous témoignons apparaît dans ce que nous sommes, c’est-à-dire dans toutes les dimensions de notre vie : de l’amour conjugal à l’éducation des enfants, en passant par l’amitié, l’étude, le travail, la politique, les affaires et les moindres gestes de notre existence quotidienne. Dans un pays aussi pauvre que le nôtre, le témoignage de l’espérance du Christ appelle, pour porter des fruits, un mode de vie simple et sobre, tant dans l’avoir que dans l’être. Le contre-témoignage de la course effrénée vers l’enrichissement personnel trahit souvent des styles de vie exhibitionnistes qui rendent aveugles face aux innombrables Lazare qui croupissent devant nos portails.
13. En insistant sur l’importance du témoignage individuel, nous ne voulons pas minimiser le rôle de diverses formes d’apostolat associatif. Elles sont, sans aucun doute, à leur façon, des lieux de communion et de fraternité, des espaces du dynamisme apostolique et missionnaire des fidèles laïcs. C’est ainsi que nous revalorisons et redynamisons les associations et les mouvements avec la restructuration du Conseil de l’apostolat des laïcs catholiques du Congo (CALCC) et la promulgation des Statuts appelés à le régir
[8]. Notre but, en fait, est d’insister, d’une part, sur l’ apostolat personnel de l’exemple qui se fonde sur la cohérence de la vie avec le message chrétien aussi bien dans l’exercice d’un métier que dans la famille et l’engagement politique ou social ; d’autre part, sur l’ apostolat de la parole, c’est-à-dire être toujours prêts à témoigner de l’espérance qui est en nous auprès de tous ceux que nous rencontrons sur le chemin de la vie, en commençant par les plus proches : la famille, les amis et les collègues de travail. Parce que « si les circonstances communes et ordinaires de l’existence dans le monde ne constituaient pas le lieu habituel de votre lutte chrétienne et de votre zèle apostolique, il serait difficile, pour ne pas dire impossible, d’attirer ceux qui sont loin, d’encourager ceux qui négligent leurs devoirs chrétiens, d’être témoins crédibles du Christ dans un environnement souvent hostile ou indifférent »[9].
14. Au cours de cette année consacrée à Isidore BAKANJA qui commence, que notre prière soit incessante pour que le Seigneur suscite des saints laïcs dans notre pays, des modèles dans la foi qui, au lieu de trahir, acceptent de souffrir ; au lieu de se décourager, gardent confiance ; au lieu de se taire, dénoncent l’injustice. Voilà pourquoi, tout en vous mobilisant autour du thème général « Laïcs catholiques, imitons le Bienheureux Isidore BAKANJA : témoignons du Christ en toute circonstance », nous vous proposons, pour chaque mois, en plus de cette exhortation, de vous retrouver par corporation en vue de réfléchir ensemble sur votre vocation et votre mission propre en rapport avec la vie d’Isidore BAKANJA.
15. Nous implorons la bénédiction du Seigneur sur vous. Puisse l’Esprit de Dieu vous raffermir dans la foi et vous armer de vaillance pour que, confiants en l’amour maternel de la Vierge Marie, vous demeuriez fidèles aux engagements de votre baptême pour témoigner du Christ en toute circonstance avec le courage du Bienheureux Isidore BAKANJA et à son exemple.
[1] PONTIFICIUM CONSILIUM PRO LAICIS, Le Congrès du laïcat catholique Roma 2000, Cité du Vatican, Libreria Editrice Vaticana, 2002, p. 14.
[2] Cf. Ibidem, n. 189.
[3] CENCO, Défis pastoraux au seuil du XXIe siècle. Les Evêques de l’Eglis-Famille de Dieu en République Démocratique du Congo en visite « Ad Limina Apostolorum » à Rome du 15 janvier au 14 février 2006, Kinshasa, Editions du Secrétariat Général de la CENCO, 2006, n. 176.
[4] Cf. Ibidem, p. 124.
[5] CENCO, Directoire sur la nouvelle évangélisation et la catéchèse dans la perspective de l’Eglise famille de Dieu. A l’usage des agents de l’évangélisation et de la catéchèse en République Démocratique du Congo, Kinshasa, Editions du Secrétariat Général de la CENCO, 2001, n. 160.
[6] CENCO, Défis pastoraux au seuil du XXIe siècle, n. 217.
[7] PAUL VI, Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi, n. 41.
[8] CENCO, Statuts du Conseil de l’apostolat des laïcs catholiques du Congo (CALCC). Ad experimentum (12 août 2006 – 12 août 2011), Kinshasa, Editions du Secrétariat Général de la CENCO, 2006.
[9] PONTIFICIUM CONSILIUM PRO LAICIS, op.cit., Cité du Vatican, Libreria Editrice Vaticana, 2002, p. 356.
Programme et Témoignages
ANNEE BIENHEUREUX ISIDORE BAKANJA, ANNEE DE SANCTIFICATION
ET DE TEMOIGNAGE
Thème général :
« Laïcs catholiques, imitons le Bienheureux Isidore BAKANJA : témoignons du Christ en toute circonstance »
Il est indispensable de noter qu’en spécifiant ou en accordant, en plus du thème général, un thème, chaque mois, à chaque corporation, nous voulons spécialement maintenir les laïcs en éveil durant toute l’année. Ce qui revient à dire que le message, bien que destiné à un groupe particulier, s’adresse aussi aux autres. La répartition par mois est, de ce fait, un moyen plutôt pédagogique pour attirer l’attention sur l’importance du témoignage dans son milieu de vie et de travail à l’exemple du Bienheureux Isidore BAKANJA.
Septembre 2008 : Mois des professeurs, enseignants, étudiants et élèves
« Science et foi dans le développement de la nation »
« Car, je vous dis en vérité, si vous avez de la foi comme un grain de sénevé, vous direz à cette montagne : déplace-toi d’ici à là, et elle se déplacera, et rien ne vous sera impossible » (Cf. Mt 17, 20). La montagne qu’était André Van Cauter, surnommé Longange, patron de travail d’Isidore, mais aussi son persécuteur et son meurtrier, essayait de barrer la route à Isidore dans sa marche à la suite du Christ. Grâce à sa foi, Isidore BAKANJA avait déplacé cette montagne et ainsi continué à marcher sur ce chemin qu’est Jésus-Christ (Cf. Jn 14, 6). Révoqué et mis en prison, la « montagne Van Cauter » avait, de ce fait, été finalement déplacée matériellement.
C’est la foi et la prière qui donnaient à Isidore BAKANJA force, courage et persévérance, vertus par lesquelles il témoignait du Christ en toute circonstance. Il supportait la persécution en railleries de Longange (A. Van Cauter). Quand celui-ci lui intimait l’ordre de se débarrasser du scapulaire, il lui résistait en actes et en paroles. Pendant les six mois de son atroce martyre, il priait le chapelet qu’il avait à la main jusqu’au jour même de sa mort.
La foi peut donner aux étudiants, aux élèves, aux professeurs et aux enseignants la force, le courage, la persévérance dans la recherche scientifique et la préparation des cours d’une part et, d’autre part, l’application et la régularité. La foi ne s’oppose donc pas à la science. Les deux se complètent et s’éclairent mutuellement. On peut être profondément croyant et profondément scientifique. Pour le développement intégral de la nation, il est important d’allier science et conscience, savoir et foi. D’où l’importance de la formation de tout l’homme. Les enseignants catholiques, appelés à inculquer à leurs enseignés la pertinence de la vocation et de la mission propre du laïc qui est de gérer la société en témoins du Christ, doivent être des modèles de foi et des repères du savoir et de sagesse. C’est de cette façon que les étudiants et les élèves d’aujourd’hui deviendront, demain, des citoyens responsables, une bénédiction pour l’Eglise et la Nation.
Octobre 2008 : Mois des médecins, pharmaciens et paramédicaux
« Amour pour les malades : témoignage de l’amour du Christ pour l’humanité ».
Après avoir flagellé Isidore BAKANJA, André Van Cauter (Longange) l’avait jeté en prison dans le séchoir de caoutchouc. Il avait ses jambes enchaînées et il était interdit de nourriture. Mais les deux autres domestiques, Mputu et Iyongo, lui apportaient clandestinement de quoi manger et l’aidaient à faire ses besoins. Ils couraient ainsi le risque de subir un châtiment sévère de leur très cruel patron. C’est là un exemple d’amour pour les faibles et les malades.
Un autre exemple non moins éloquent est celui de l’Inspecteur des plantations Dorpinghaus, surnommé Potama ou Lomame, qui avait arraché Isidore du danger qu’était Longange. Il l’avait embarqué avec lui dans son bateau. Durant toute la navigation, il soignait ses blessures avant de le confier au colon de la factorerie d’Isongu où il pouvait être médicalement pris en charge.
En consacrant ce mois d’octobre aux médecins, pharmaciens et paramédicaux, nous entendons, au regard de la vie du Bienheureux Isidore BAKANJA, les inviter à revisiter leur relation avec ceux qui, dans l’exercice de leurs fonctions sont leurs « premiers prochains ». Il s’agit aussi de les stimuler à rester courageusement vigilants pour ne pas se laisser emporter par le relativisme véhiculé et distillé à travers le monde sur des questions comme l’avortement, l’euthanasie et la prévention contre le VIH/sida.
Le médecin catholique, mais aussi tous ceux qui oeuvrent avec lui dans le cadre des activités médico-sanitaires, doivent toujours avoir présent à l’esprit que, de par leurs professions, ils sont d’abord gardiens et serviteurs de la vie et non de la mort. Rencontrer un malade, c’est rencontrer une personne. Voilà pourquoi ils s’efforceront d’établir avec le malade une relation empreinte de confiance. La confiance entre une personne marquée par la souffrance et la maladie et une personne appelée à prendre ses besoins en charge, à la soigner. Cela veut dire que le patient n’est pas seulement un cas clinique. A travers sa souffrance, il renvoie à l’humanité toute entière. L’humanité ainsi impliquée appelle, de la part du médecin, un dévouement total. Son devoir de témoignage face au visage du patient confié à ses soins renvoie à l’amour du Christ pour l’humanité. Sa mission de donner la vie ou de la sauver doit rester un témoignage rendu au Christ qui est venu apporter une vie abondante au monde (Cf. Jn 10, 10). Il ne s’accommodera donc pas de cette culture de la mort qui gagne de plus en plus les milieux médicaux et qui défend un droit supposé de disposer de la vie d’un innocent, enfant à naître et de mettre fin à la vie de fragiles malades sans défense. Le médecin ne justifie son identité qu’à travers la thérapie et la sauvegarde de la vie. Le développement des soins palliatifs qui soulagent les douleurs et permettent aux malades de supporter leurs souffrances jusqu’au terme naturel de leur vie est une pierre de plus à la confirmation de cette identité.
L’attitude du médecin catholique doit être celle du bon samaritain qui, dans un élan de charité, s’arrête et s’approche du malade pour lui manifester sa sympathie et sa compassion. Il imite ainsi le Christ dont la charité thérapeutique a sauvé les malades qui venaient à lui. Il manifeste en même temps sa charité envers le Christ, représenté dans chaque patient (Cf. Mt 25, 40).
Il est donc important que le médecin catholique considère son travail comme partie intégrante de la mission de l’Eglise. En exerçant sa profession dans le strict respect de la dignité humaine et des principes moraux universels et immuables, le médecin rend témoignage au Christ et participe à l’action pastorale et évangélisatrice de l’Eglise.
Novembre 2008 : Mois des dirigeants, cadres, entrepreneurs et acteurs politiques
«Sens du service comme sacrifice dans la gestion de la chose publique»
Dans le drame d’Isidore BAKANJA, nous avons deux catégories de chefs. Celle de patrons autosuffisants et cruels et celle de patrons humains, attentifs à la vie de leurs subalternes. Le chef de file de la première catégorie est, bien entendu, André Van Cauter alias Longange, patron de la factorerie d’Ikili, lieu du martyre d’Isidore BAKANJA. Son argument pour couper court à toute discussion, à toute éventualité de dialogue, mais aussi pour châtier, était un argument d’autorité : « C’est moi le chef ici ! » Le respect de la personne et de ses droits lui était étranger ; sa méchanceté et sa fourberie de notoriété publique.
Au moment où Isidore BAKANJA se rend compte qu’il n’était pas porté dans les cœurs de ses patrons, il demande une lettre de licenciement pour lui permettre de regagner son village. Malheureusement Longange, surnommé aussi « Esomb’a nkoli » (gerbe de lianes) à cause du faisceau de lianes qu’il traînait avec lui pour cingler les dos des travailleurs, le lui avait catégoriquement refusé en ces termes : « Je ne te donnerai pas de lettre !... Tu es un type du Bon Dieu. Va chercher ta lettre chez lui !...Moi, je ne t’en donnerai pas ! » Tout est dit.
La deuxième catégorie de patrons est celle représentée par l’Inspecteur des plantations Dorpinghaus. Il s’était préoccupé du sort d’Isidore jusqu’à l’arracher des mains de Longange. C’est lui qui l’avait pris dans son bateau, l’avait personnellement soigné et avait porté l’affaire en justice.
Au nom de la foi, les dirigeants, cadres, entrepreneurs et acteurs politiques catholiques seront invités à s’engager à exercer le pouvoir avec responsabilité. Ils auront toujours en tête de manifester leur amour pour le pays par le service à l’image du Christ qui est venu pour servir et non se servir. La politique offre ainsi la façon la plus noble d’aimer. Ils cultiveront le sens et le souci du bien commun. Ils veilleront au bien-être de tous et seront prêts à se sacrifier pour le mieux-être de chaque citoyen. Ils éviteront de s’accorder indéfiniment des privilèges car les lois, mêmes les meilleures, mais toujours bafouées par les législateurs eux-mêmes, n’apportent rien à la concorde ni à l’harmonie du pays. Ils travailleront et feront travailler pour produire des richesses dans le but de soutenir et d’accompagner le développement du pays. On insistera sur le fait qu’on peut être dirigeant, cadre, entrepreneur ou acteur politique à part entière et vrai disciple du Christ.
Décembre 2008 : Mois des agents et animateurs pastoraux
« Sens et rôle des sacrements et des sacramentaux dans la vie quotidienne »
Isidore BAKANJA avait appris l’essentiel de la foi et y avait fermement cru et vécu en conséquence. Il menait sa vie à la lumière de l’évangile, priait beaucoup et n’avait pas honte de témoigner. Le jour même de sa mort, un dimanche, il avait fait ses prières et, chapelet à la main, il avait quitté ce monde.
Après son baptême à Mbandaka, il avait écourté son séjour à Bokendela, son village, puisqu’il ne pouvait pas recevoir les sacrements à cause de l’absence des prêtres. Son grand respect pour le scapulaire et le chapelet se passe de tout commentaire. Devant la menace de la flagellation, il avait refusé de s’en débarrasser.
La croissance de la piété populaire, qui n’est plus à démontrer, invite, au cours de ce mois consacré aux animateurs pastoraux, à une réflexion approfondie sur la portée salvifique des sacrements et des sacramentaux dans l’économie du salut. Quelques thématiques assez importantes devraient retenir l’attention.
En contexte de pluralisme religieux, qui tend au jour le jour et de plus en plus vers un certain syncrétisme, il sera indiqué de se pencher sur la nature et la finalité des sacrements. Pour les chrétiens et les animateurs pastoraux qui les encadrent, il n’est plus évident de le percevoir. Il y va de même du rôle particulier du ministre qui les administre. La place du prêtre et de tous les consacrés vaut la peine d’être revisitée. Ce qui appelle, dans le cas de l’Eglise-famille de Dieu en RD Congo, un état des lieux sur la préparation et l’administration des sept sacrements. Le rapport entre sacrements et foi de l’Eglise conduit à souligner leur finalité de sanctifier les hommes, d’édifier le corps du Christ et de rendre un culte à Dieu.
Quant aux sacramentaux, leur usage est séculaire dans l’Eglise. La Tradition regorge d’exemples. Portés par la foi de l’Eglise, ils trouvent leur place dans l’économie du salut. Ils restent des signes sacrés qui, par la prière de l’Eglise, font obtenir des dons spirituels. Ils ne sont pas à confondre avec les talismans ou les autres pratiques fétichistes qui éloignent l’homme de Dieu et le séparent de ses frères.
La vie du Bienheureux Isidore BAKANJA, qui ne quittait jamais son scapulaire et son chapelet, est, à ce sujet, un témoignage à suivre. La pratique est toujours à encourager, mais à condition qu’elle s’enracine dans la foi. C’est ici l’occasion de rendre un hommage appuyé aux catéchistes et de réfléchir sur leur rôle dans l’Eglise. Comme eux, Isidore BAKANJA a enseigné la prière dans son milieu.
Janvier 2009 : Mois des juristes, activistes des droits de l’homme, policiers et militaires
«Justice et sécurité pour restaurer la paix»
La vie d’Isidore BAKANJA nous montre un homme victime d’un esprit partisan, d’un sentimentalisme non seulement de la part de Van Cauter (Longange), mais aussi de la part de certains autres Blancs qui étaient chargés de l’affaire Bakanja. C’est le cas de Grillet, Inspecteur et Chef de tous les Blancs dans Bus-Bloc, qui déclarait : « Je suis obligé d’agir, je ne peux faire autrement (…) Venez voir comment Van Cauter a arrangé ce boy ! Je dois intervenir, je ne peux passer outre ! Moi qui ne voulais pas être mêlé à cette affaire, j’ai refusé d’aller voir Bokando. J’ai répondu : « Je me fiche pas mal de vos histoires ! Je ne veux pas voir le type ». Un autre cas est celui du Procureur Vocht qui était envoyé en mission d’enquête à Ikili, lieu du martyre, et à Iyele. N’ayant pas pris l’enquête au sérieux, il n’était arrivé nulle part, mais s’était contenté de rester dans le bateau et de faire venir un agent et un travailleur à qui il avait posé chacun une seule question.
Aujourd’hui encore, à cause des comportements inciviques de certains d’entre eux, les hommes des lois et les citoyens en uniforme sont généralement perçus comme des oppresseurs. L’injustice, la corruption, le trafic d’influence, l’impunité gangrènent la vie communautaire.
Pour redonner confiance aux citoyens et restaurer entre eux une convivialité effective, il faut une Justice juste avec des hommes et femmes de lois sans esprit partisan ni sentimentalisme au moment de dire le droit. Les citoyens en uniforme seront invités à l’amour de la patrie et au respect des lois et de leurs concitoyens qui comptent sur eux pour défendre la patrie et garantir la sécurité. C’est le sens de la prédication de Jean-Baptiste. « Des soldats aussi l’interrogeaient en disant : « Et nous, que nous faut-il faire ? » Il leur dit : « Ne molestez personne, n’extorquez rien et contentez-vous de votre solde » (Cf. Lc 3,14). Sans la justice et la sécurité, la restauration de la paix reste illusoire.
Février 2009 : Mois des foyers et familles
« Familles et foyers chrétiens, fondement et ferment de l’Eglise et de la Nation »
Par son œuvre de création, Dieu lui-même est l’auteur de la famille. Il donne à celle-ci, à travers les parents, une participation spéciale à son œuvre créatrice (Cf. Gn 1, 28). Aussi, en instituant la famille, Dieu a-t-il voulu qu’elle soit prospère et que, de sa création, l’homme soit social (Cf. Gn 2, 18). Ainsi voulait-il que le bien-être de la personne et de la société se retrouve étroitement lié. De ce fait, la famille constitue le lieu premier et privilégié de l’épanouissement de tout être humain. Elle est irremplaçable.
Au cours de ce mois, la réflexion doit réaffirmer l’importance que l’Eglise accorde à l’institution famille fondée sur le mariage, qui est l’union intime d’un homme et d’une femme établie par un lien indissoluble, librement contracté, affirmé publiquement et ouvert à la transmission de la vie. Elle a ainsi pour vocation d’être une communauté d’amour et de solidarité, une communauté où sont enseignées et transmises des valeurs culturelles, éthiques, sociales, spirituelles et religieuses qui sont essentielles au développement et au bien-être de ses propres membres et de la société. Les familles chrétiennes doivent donc se fonder sur la foi, s’enraciner dans l’amour et cultiver le sens de la correction fraternelle ainsi que la pratique des vertus chrétiennes. On rappellera le riche enseignement du Pape Jean-Paul II dans son exhortation apostolique « Familiaris Consortio ». Le Saint Père rappelle que la mission de la famille est de garder, révéler et communiquer l’amour et la vie à travers quatre engagements fondamentaux :
a. La mission de la famille est de vivre, grandir et se perfectionner en tant que communauté de personnes caractérisée par l’unité et l’indissolubilité. La famille est le lieu privilégié pour la réalisation personnelle, auprès des êtres aimés.
b. Etre comme « le sanctuaire de la vie », servante de cette vie, puisque le droit à la vie est la base de tous les droits de l’homme. Ce service ne se réduit pas à la seule procréation, mais il constitue une aide efficace pour transmettre des valeurs authentiquement humaines et chrétiennes, et en assurer l’éducation.
c. Etre la « cellule première et vitale de la société ».
d. Etre une « Eglise domestique » qui accueille, vit, célèbre et annonce la Parole de Dieu. La famille est le sanctuaire où s’édifie la sainteté à partir duquel l’Eglise et le monde peuvent être sanctifiés.
Ceci dit, on n’oubliera pas de se pencher sur des problèmes plus pratiques auxquels les familles sont aujourd’hui confrontées : survie matérielle, rejet de certains membres (enfants, vieillards) dus à la croyance à la sorcellerie, aux difficultés économiques qui posent le problème des relations familiales, de la gestion de la fécondité et du travail de la femme. C’est aussi l’occasion de réfléchir sur des problèmes d’ordre moral qui se posent déjà aux familles et qui appellent des prises de position claires : homosexualité, avortement, union libre, divorce, délinquance juvénile. Le défi particulier des nouvelles églises dites de réveil, avec une incidence réelle sur la vie familiale, est aussi à prendre au sérieux. Leur offensive pour attirer le plus de fidèles catholiques possibles devrait conduire à imaginer de nouvelles méthodes d’encadrement qui incluent un accès facile à la formation permanente. Ce qui suppose son institution.
Mars 2009 : Mois de la femme
« Femme catholique dans l’édification de l’Eglise et de la Nation : rôle, place et engagement »
Quand on revisite sereinement l’histoire, on trouve que la femme, que dans notre société on préfère appeler plus respectueusement et affectueusement « maman », a réussi à jouer un rôle central, bien que discret, dans la conduite des affaires.
La Bible nous offre des exemples des femmes qui, par leur détermination et leur courage, ont aidé à sauver le peuple juif de l’extermination et à sortir victorieux des combats. La Sainte Vierge Marie, Mère de notre Seigneur et notre mère, est aussi un modèle de courage et de confiance à Dieu. A la conception de son fils, elle n’a pas eu peur des qu’en dira-t-on. Elle a dit un oui sincère et ferme à Dieu. A son fils, dont elle ne comprenait pas toujours les réactions, elle est restée fidèle jusqu’à la croix. C’est en effet grâce à elle que les ouvriers acceptent de faire tout ce que Jésus demande, lui permettant ainsi de réaliser son premier miracle (Cf. Jn 2,4-5). Marie engagée aux côtés de son fils y jouait également un rôle discret, mais efficace.
En nous proposant des femmes comme modèles de foi et de sainteté, l’Eglise reconnaît le rôle de leur engagement dans la réalisation du royaume de Dieu sur terre. Laïques ou religieuses, chacune à sa façon, parfois dans les moments les plus atroces de la vie, a été témoin du Christ jusqu’à la mort, préférant mourir que trahir sa foi. La Bienheureuse Anuarite NENGAPETA, à ce sujet, est pour nous congolais un témoignage éloquent d’engagement et de fidélité à ses engagements.
Cet engagement dans l’Eglise appelle un autre engagement, celui de l’édification de la Nation. Le succès des femmes catholiques dans les élections, les places qu’elles occupent au même titre que l’homme dans la société, doivent être perçus et présentés comme une chance pour construire le pays sur des valeurs. Dotée de différents dons et charismes particuliers, notamment la sensibilité à l’amour, à la douceur, à la dignité, à la responsabilité, à l’attachement à la paix, à la sollicitude pour la vie, la femme catholique, forte de sa foi en Jésus-Christ, doit être armée pour faire triompher dans la société les causes justes, à l’exemple d’Isidore BAKANJA qui a refusé toute compromission par fidélité au Christ. Car la fidélité à ses engagements honore l’homme et le rapproche de son Seigneur.
Il était le seul chrétien à Ikili où tous les blancs se montraient hostiles aux chrétiens. Un des domestiques du patron Van Cauter témoigne : « (…) Isidore était chrétien à Ikili, mais nous ne savions pas alors ce qu’était un chrétien(…).Quand Isidore était battu, nous pensions que la rage de Longange était provoquée par ce bout d’étoffe ( = scapulaire) qu’Isidore portait toujours autour du cou. Mais « prier, un chrétien, Mon Père » étaient pour nous des choses inconnues à ce moment-là ».
Par la force de sa foi profonde, il avait le courage de témoigner seul et par son témoignage, il contrebalançait l’influence du Blanc sur le Noir : « La cause principale et la seule vraie cause pour laquelle Van Cauter avait donné du fouet à BAKANDO, c’est parce que BAKANDO était chrétien et enseignait la religion et la prière aux autres, et cela diminue le prestige du Blanc ! »
Avril 2009 : Mois de la Jeunesse, des mouvements et associations des jeunes
« Jeune d’aujourd’hui, tu es aussi appelé à la sainteté »
Dans le contexte du relativisme culturel orienté vers le bonheur défini en termes de réussite et de succès faciles, le thème de sainteté paraît rétrograde, comme tombé en désuétude dans les milieux des jeunes. Les saints, quand on ne les considère pas comme des extraterrestres, sont présentés comme des personnages d’une mythologie chrétienne antique. La vocation à la sainteté est une affaire des consacrés quand elle n’appartient pas à une histoire du passé, de toutes les façons, dépassée. La morale chrétienne, plus ouverte à l’effort, à la mortification et au sacrifice, apparaît comme un obstacle à l’épanouissement juvénile. Les jeunes ont d’autres dieux : argent, sexe, musique, occident, voiture. Leur morale est celle de la facilité, de la jouissance et même de la nuisance.
Ce qui montre l’importance d’une réflexion sur le sens et la pertinence de la sainteté dans le contexte actuel d’une jeunesse conditionnée par la publicité et encline à croire au mirage d’une vie facile véhiculée par les images tronquées à la télévision et dans les magazines. L’appel à la sainteté s’adresse à tous ceux qui croient au Christ, quels que soient leur condition sociale et leur état de vie. Il est proposé et accessible à tous ceux qui veulent sérieusement se mettre à la suite du Christ. Il n’est pas réservé à une catégorie ni à un statut particulier dans l’Eglise. Il n’exige pas un changement de condition. Le baptême qui incorpore le chrétien au Christ lui confère une triple mission (sacerdotale, prophétique et royale). Le chemin du bonheur est celui des béatitudes. En les vivant au quotidien, on se sanctifie et on œuvre pour le renouveau du monde. Mais on ne peut parler des Béatitudes aux jeunes qu’en les opposant aux problèmes qu’ils connaissent aujourd’hui et qui, au lieu de les rendre libres, les enchaînent, les emprisonnent. Il s’agit, entre autres, du New age, de la corruption, du sexe, de la légèreté des mœurs, du chômage et de la réussite et du succès faciles. Il est important de les inviter à se former dans la dignité d’homme et de chrétien. Il est également nécessaire de donner aux jeunes des principes à mettre à la base de leur vie, des principes de vie spirituelle et morale qui les aideraient plus tard à se conduire par eux-mêmes en chrétiens adultes et responsables.
Comme chrétien, le jeune Isidore BAKANJA avait appris les bonnes manières. Plusieurs compagnons de travail l’ont témoigné : « Isidore n’a jamais montré la moindre impolitesse ni insolence vis-à-vis du Blanc, car Isidore se taisait volontiers et était toujours correct (…). Il était un bon domestique.» Il était aussi de bonnes mœurs et pratiquait les vertus : « Père, je ne trouve aucun mal chez Isidore. Nous habitions ensemble (…). Il était célibataire et jamais, au grand jamais, je n’avais appris qu’il avait touché une femme. Toujours affable avec quiconque, Noir ou Blanc, jamais de dispute, et il priait beaucoup. » Isidore BAKANJA rapportera : « Le Blanc m’a battu sans raison (…) Je ne lui ai rien volé (…) Je n’ai jamais approché ses amantes (…). Mon ami, je ne mens pas, je suis chrétien (…) » Isidore BAKANJA était un jeune de foi et de prière. Il pratiquait les vertus avec le courage de la foi. Il ne savait pas se résigner quand on tournait sa foi en dérision ou quand il devait défendre sa conduite de chrétien. C’est ainsi qu’après sa flagellation, il avait continué à prier et, par la force de la prière, il avait non seulement pardonné à son persécuteur et bourreau, mais aussi promis de prier pour lui au Ciel.
Les quelques exemples tirés de sa vie indiquent que la sainteté se vit d’abord au cœur des occupations et des exigences quotidiennes. Œuvre de l’Esprit Saint, elle exige la coopération et la collaboration de chacun. La vie d’Isidore BAKANJA est un témoignage par excellence du choix chrétien d’une vie sans compromis ni compromission et la pertinence d’un combat pour demeurer fidèle à ses engagements de foi jusque même à perdre sa vie.
Mai 2009 : Mois des agriculteurs, pêcheurs, chasseurs et corps de métiers
« Travail et prière, source de tout développement »
Avant de quitter Bokendela, son village, pour se rendre à Mbandaka où il s’était fait baptiser, Isidore BAKANJA avait appris et exercé les travaux qui faisaient respecter un homme dans la société. A Mbandaka, il travaillait comme aide-maçon. A la factorerie de Busira, il avait réussi à se faire engager comme domestique. Nulle part il n’a cherché à vivre sur le dos de quelqu’un. Il a toujours voulu se prendre en charge et refusait le parasitisme. En plus, il priait et enseignait la foi et la prière aux villageois et à ses collègues travailleurs. Bref, il mariait travail et prière.
Travail et prière ? Travail ou prière ? Voici deux questions qui, dans l’aventure de l’homme avec Dieu, reviennent régulièrement, bien que sous des formes différentes. Le « tu mangeras ton pain à la sueur de ton front » (Cf. Gn 3,19) épouse-t-il le « Dieu pourvoira » ? La manne doit-elle continuer à tomber du ciel ? En consacrant ce mois aux agriculteurs, aux pêcheurs et à tous ceux qui vivent du travail de la terre et de leurs mains, nous entendons attirer l’attention sur le fait que tout travail est important à la vie de tout l’homme et de tous les hommes et contribue au développement de chacun et de la société. Mais le travail a besoin de se nourrir de la prière. Les deux vont de pair. L’un ne va pas sans l’autre. Le travail ne doit en aucun cas être présenté comme l’opposé de la prière. Une vie de travail sans prière nous écarte de Dieu. Une vie de prière sans travail nous éloigne de l’homme. Voilà pourquoi une vie authentiquement chrétienne allie la prière au travail. Dieu nous a créés créateurs et donc travailleurs. Un chrétien ne peut pas se permettre le luxe de vivre dans l’oisiveté. Il doit, selon les mots du bienheureux Josemaria Escriva de Balaguer, se sanctifier dans le travail, sanctifier par le travail et sanctifier le travail. Il y est donc appelé à transformer le monde en faisant resplendir la lumière du Christ comme dans toutes les circonstances et tous les événements de la société. La prière ne doit en aucun cas devenir un moment de refuge pour les paresseux, ni le travail un alibi pour les activistes qui rechignent à prier.
Quand il se nourrit de la prière, le travail ennoblit l’homme. Il l’introduit au véritable développement, un développement intégral. Tout en plaidant pour la création des emplois et la restauration des salaires décents, nous devons lutter pour la revalorisation du travail manuel et des arts dits serviles. Ce mois de l’année Isidore BAKANJA sera mis à profit à cet effet. L’actualité de la vie chère à travers le monde vient comme pour nous le rappeler. C’est le chemin de la véritable indépendance, qui commence par l’indépendance du ventre. Le Bienheureux Isidore BAKANJA a toujours été, malgré les souffrances qui lui étaient infligées, assidu à son travail et fidèle aux engagements de son baptême. Un modèle à suivre.
Juin 2009 : Mois des journalistes, écrivains et artistes
« Pour une société harmonieuse, une communication responsable »
Au sein de la société moderne, les moyens de communication sociale jouent de plus en plus un rôle majeur dans l’information, la promotion culturelle et la formation. Ce rôle grandit en raison des progrès techniques, de l’ampleur et de la diversité des nouvelles, et de l’influence exercée sur l’opinion publique.
L’information médiatique est appelée à être au service du bien commun. Pour son harmonie, la société a droit à une information fondée sur la vérité, la liberté, la justice et la solidarité.
En consacrant ce mois de juin aux journalistes, écrivains et artistes ensemble, nous entendons attirer l’attention sur le fait qu’ils véhiculent tous, à travers le contenu de leurs œuvres, un message. Celui-ci peut aider à l’édification d’une société aussi harmonieuse que possible comme il peut contribuer à sa destruction. La langue est un couteau à double tranchant. Elle peut sauver la vie, mais aussi conduire à la mort. Une fois qu’elle a occasionné un feu, il devient difficile de l’éteindre. Quand ils se fondent sur la rumeur, quand ils véhiculent une culture de la haine et de la mort en utilisant les moyens de communication des masses, les membres de la grande famille des communicateurs, que sont les journalistes, les écrivains et les artistes, détruisent le tissu social. Ils désorganisent la société.
C’est donc légitimement que nous devons chercher à répondre à ces questions : quel genre de communication pour notre société, notre pays aujourd’hui ? De quel genre de message le peuple a-t-il besoin dans les médias, les écrits, les chansons (…) pour sa sécurité et son développement ?
Notre Seigneur Jésus-Christ, qui est « le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14, 6), a été un parfait communicateur. Il n’a jamais, quelles que soient les circonstances, trahit la vérité. C’est pourquoi, pour apporter leur pierre à la construction d’une société où il fait beau vivre, les communicateurs catholiques resteront fidèles à la vérité et viseront, quoi qu’il en coûte, l’objectivité. Ils devront, à l’exemple d’Isidore BAKANJA, témoin du Christ jusqu’à la mort, communiquer la vérité en vérité, même au prix de leurs vies.
Juillet 2009 : Mois du Conseil de l’Apostolat des Laïcs Catholiques du Congo (CALCC)
« Laïcat face aux grands défis de l’Eglise et de la Nation : perspectives d’avenir »
Tout ce qui est dit au sujet des fidèles laïcs les mois précédents concerne aussi le CALCC. Les laïcs, incorporés au Christ par le baptême, participent à leur manière, sans être religieux ni prêtres, à la fonction sacerdotale, prophétique et royale du Christ. Ils sont appelés à être dans leurs milieux de vie et de travail le sel de la terre et la lumière du monde, c’est-à-dire des chrétiens de foi profonde et des témoins du Christ en tout lieu et en toute circonstance.
C’est par le laïcat que se perçoit la vitalité de l’Eglise. Le Bienheureux Isidore BAKANJA, laïc conscient de sa mission s’il en est, a préféré donner sa vie plutôt que de renier sa foi. Il reste ainsi un modèle de fidélité.
Durant toute l’Année Isidore BAKANJA et spécialement au cours de ce mois, le laïcat catholique doit se poser des questions de fond sur sa vocation et sa mission et y répondre sans complaisance. Que doit-il faire face aux enjeux de la nouvelle évangélisation dans notre pays ? Comment doit-il vivre son engagement face aux dangers qui guettent la foi en RD Congo avec ces deux phénomènes contradictoires que sont d’une part, la floraison des églises dites de réveil et, d’autre part, l’engagement de l’élite dans divers mouvements ésotériques d’origine étrangère surtout ?
Si le monde du travail est le lieu privilégié de l’engagement du laïc, il est urgent que se fasse sentir, dans les milieux professionnels, la présence active du laïc catholique en tant qu’acteur privilégié de développement et d’humanisation de la société. Voilà pourquoi il doit s’engager effectivement à la valorisation du travail : création de nouveaux emplois, salaires décents, conditions humaines de vie, etc. Cet engagement devrait prendre trois directions : combat politique, lutte syndicale, création d’un mouvement laïc qui reflète réellement le poids social et politique du laïcat catholique. C’est ici qu’une bonne compréhension de la nouvelle structure du CALCC, émanation des mouvements et associations de tous les diocèses de la RD Congo, doit trouver sa place. Un CALCC fort, avec des dirigeants ayant une vision claire de leur rôle et qui sont décidés à le jouer de manière désintéressée, sera une locomotive aussi bien pour la vitalité, la prise en charge matérielle de l’Eglise que pour la marche du pays.
Isidore BAKANJA, le patron des laïcs catholiques du Congo, fidèle au Christ sans compromis ni compromission, a témoigné de sa foi en répondant à la vocation chrétienne de sel de la terre et de lumière du monde. L’exemple de son témoignage, qui avait permis des changements dans le Bus-Bloc (beaucoup de Noirs se sont faits baptiser et les Blancs sont devenus modérés dans leur cruauté) vient réveiller le laïcat catholique souvent considéré comme un géant somnolant. En effet, c’est par le témoignage courageux de leur vie que les laïcs réunis au sein du CALCC pourront renverser le courant des antivaleurs qui, au jour le jour, emporte notre pays.
Thème général :
« Laïcs catholiques, imitons le Bienheureux Isidore BAKANJA : témoignons du Christ en toute circonstance »
Septembre 2008 : Mois des professeurs, enseignants, étudiants et élèves
« Science et foi dans le développement de la nation »
Octobre 2008 : Mois des médecins, pharmaciens et paramédicaux
« Amour pour les malades : témoignage de l’amour du Christ pour l’humanité »
Novembre 2008 : Mois des dirigeants, cadres, entrepreneurs et acteurs politiques
«Sens du service comme sacrifice dans la gestion de la chose publique»
Décembre 2008 : Mois des agents et animateurs pastoraux
« Sens et rôle des sacrements et des sacramentaux dans la vie quotidienne »
Janvier 2009 : Mois des juristes, activistes des droits de l’homme, policiers et militaires
«Justice et sécurité pour restaurer la paix»
Février 2009 : Mois des foyers et familles
« Familles et foyers chrétiens, fondement et ferment de l’Eglise et de la Nation »
Mars 2009 : Mois de la femme
« Femme catholique dans l’édification de l’Eglise et de la Nation : rôle, place et engagement »
Avril 2009 : Mois de la Jeunesse, des mouvements et associations des jeunes
« Jeune d’aujourd’hui, tu es aussi appelé à la sainteté »
Mai 2009 : Mois des agriculteurs, pêcheurs, chasseurs et corps de métiers
« Travail et prière, source de tout développement »
Juin 2009 : Mois des journalistes, écrivains et artistes
« Pour une société harmonieuse, une communication responsable »
Juillet 2009 : Mois du Conseil de l’Apostolat des Laïcs Catholiques du Congo (CALCC)
« Laïcat face aux grands défis de l’Eglise et de la Nation : perspectives d’avenir »
Revivez avec la RTDN la journée du 7 septembre 2008 à la paroisse Bienheureuse Anuarite de Lovo, à travers les diapositives en cliquant sur l'adresse ci-dessus :

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