Sunday, August 01, 2010

BOMA FAIT MEMOIRE A JOSEPH KASA VUBU

Inauguration d’un monument à Boma
en mémoire du Président Joseph KASA VUBU.










Boma a accueilli aujourd'hui une imposante délégation de la classe politique des "Ne Kongo". Le Gouverneur et tout son gouvernement, les sénateurs, les députés nationaux et provinciaux, les ministres nationaux et provinciaux, et autres multiples dignitaires politico-administratifs se sont tous donné rendez-vous à la ville historique de Boma, première capitale du Congo.
Après la mise en place et l'arrivée du Gouverneur, la messe, dans la Cathédrale, présidée par S. Exc. Monseigneur MBUKA Cyprien, cicm, a commencé a 10h45. Tout était en français et en rite romain. La chorale française de la cathédrale était dans ses splendeurs. Une belle eucharistie bien priante et bien animée, une homélie superbe et copieusement applaudie.
Apres la messe, 13h30, toute la foule s'est déversée sur le lieu où l'on a érigé le monument en mémoire de feu S. Exc. Monsieur le Président Joseph KASA VUBU, premier Président de ce pays. Le monument est placé a l'entrée de mont Kinsundi, juste en face de l'aéroport, créant avec la route qui longe l'aeroport et celle qui va vers mont Kinsundi un rond-point « KASA VUBU ».
Apres l'hymne national et la prière dite par Monseigneur l'évêque, plusieurs orateurs se sont succédé tour à tour : mot de bienvenue par Madame le Maire, mot de l'entrepreneur, mot de l'architecte artiste, mot de S. Exc. Monsieur le Gouverneur, mot de la famille KASA VUBU et enfin dévoilement du monument suivi de la visite du site. Les festivités ont terminé par au cocktail à l'hôtel MABUILU.
Nous vous proposons ci-après l'homelie de Mgr l'évêque dans son intégralité. Ensuite vous pourrez suivre l'événement à travers les diapositives sélectionnées pour vous à l'adresse qui vous sera indiquée.
Excellence Monsieur le Gouverneur de la Province du Bas-Congo
Excellence Monsieur le Vice-gouverneur de la Province du Bas-Congo
Honorables Députés nationaux et Sénateurs
Excellences Messieurs les Ministres nationaux
Honorable Président de l’Assemblée provinciale
Honorables Députés provinciaux
Messieurs les Ministres provinciaux
Madame le Maire de la Ville de Boma
Autorités politico-administratives, policières et militaires
Distingués invités en vos titres et qualités,
Mesdames et Messieurs,
Chers frères et sœurs,
1. Nous sommes très heureux que l’Autorité provinciale du Bas-Congo ait spontanément pensé à l’invocation de l’Eternel Dieu Tout Puissant comme premier acte marquant les cérémonies de l’Inauguration du monument érigé à Boma en mémoire de Feu Président Joseph KASA-VUBU. A mon humble avis, c’est le plus bel honneur que l’on puisse lui faire, c’est la plus grande forme de reconnaissance que l’on puisse lui exprimer. Tant il est vrai que la référence à Dieu guidait continuellement l’action du Président Joseph KASA-VUBU. A l’heure grave de l’accession à l’Indépendance, le Président KASA-VUBU disait en effet ceci tout au début de son discours : « Excellences, Mes chers compatriotes, au moment solennel où la République du Congo se présente au monde et à l’histoire, pleinement indépendante et souveraine, au moment où nous ressentons intensément le caractère irrévocable et définitif du pas que nous franchissons, nous ne pouvons pas nous empêcher de mesurer la gravité de nos responsabilités et, poursuit-il, dans une attitude de profonde humilité, de demander à Dieu qu’il protège notre peuple et qu’il éclaire tous ses dirigeants ».
2. En reconnaissant les mérites de Joseph KASA-VUBU à travers le monument dressé pour lui, nous voulons en fait rendre grâce à Dieu pour les bienfaits accordés à ce pays à travers son serviteur Joseph KASA-VUBU. La Parole que Dieu nous adresse aujourd’hui éclaire davantage l’immensité des richesses que feu Président Joseph KASA-VUBU a léguées à ce pays.
3. Les termes de la Parole de Dieu de ce dimanche sont assez violents au risque même de décourager les faibles. « Vanité des vanités, tout est vanité », voilà ce que nous lisons dans la première lecture, tiré du Livre de l’Ecclésiaste (Qohélet). De son côté, saint Paul, dans sa lettre aux Colossiens, nous invite à mourir en nous ce qui appartient encore à la terre. Dans l’évangile Jésus répond brutalement à un homme qui lui demande un service : « qui m’a établi pour être votre juge ou pour faire vos partages ? S’adressant à la foule Jésus lance un avertissement sévère : « gardez-vous bien de toute âpreté au gain…».
4. Devant ces dures paroles, le risque de se désemparer n’est pas illusoire : faudrait-il être pessimiste vis-à-vis du monde alors qu’il est l’œuvre de Dieu ? Faudrait-il mépriser sa vie alors qu’elle est un don de Dieu ? Faudrait-il renoncer à la prévoyance et à la planification, alors que gouverner c’est prévoir ? En réalité, ce qui est mis en cause par la Parole de Dieu de ce dimanche c’est l’âpreté au gain, l’obsession de soi-même, la confiance absolue portée à soi-même comme si on était le commencement et la fin de toutes choses. En effet, dans l’évangile d’aujourd’hui, par exemple, le riche dont il est question ne parle que de lui-même ; on lit quatorze fois les mots « je », « me », « mon ». Il ne parle ni de sa femme, ni de ses enfants, ni de ses employés, ni de ses voisins et surtout pas des pauvres. Il bâtit des entrepôts, pour garder un bien périssable et fragile : du blé. S’il a eu de bonnes années de récolte, il pourrait en donner un peu. Mais hélas non ! Il fait le contraire. Il pense se faire une sécurité à toute épreuve et ne pouvoir désormais se fier qu’à lui seul. Cet acharnement à s’enrichir personnellement ouvre la voie au comportement déréglé que condamne saint Paul : débauche, impureté, passions, mensonge, désirs mauvais, colère, emportement, méchanceté, insultes, propos grossiers.
5. En résumé, la Parole de Dieu de ce dimanche nous invite à mourir avec Christ pour ressusciter avec lui. Cela consiste : 1) à mettre notre confiance en Dieu ; 2) à engager toutes nos énergies et nos forces pour la cause de Dieu ; 3) à nous enrichir en vue d’aider les pauvres.
6. Cette Parole de Dieu est entendue à point nommé au moment où nous célébrons la mémoire d’un homme d’Etat qui avait un sens très aigu de Dieu et du prochain jusqu'à s’oublier soi-même. A la veille du jour de l’Indépendance Joseph KASA-VUBU dira ceci : « Pour ma part, m’élevant au-dessus des partis, des tribus, des ethnies, des communes et des provinces, je veux être le gardien de la légalité, l’arbitre entre les partis, le premier SERVITEUR de l’Etat. Que Dieu m’assiste dans cette tâche écrasante et veille aux destinées de notre Congo indépendant ». C’est encore le Président Joseph KASA-VUBU qui, au cours d’une Conférence, disait le 25 janvier 1961 : « Mes compatriotes, le temps de la démagogie facile est passé (…). Nous devons prouver au monde que nous sommes mûrs et capables de régler nous-mêmes nos problèmes. (…). Les hommes passent, la nation demeure ».
7. Voilà les paroles du serviteur de Dieu et du serviteur du peuple, homme capable de rallier ses paroles aux actes ; il a compris que la vocation d’un politicien est essentiellement un SERVICE. C’est ainsi qu’avec des paroles quasi prophétiques il exhortait ses collègues politiciens en ces termes : « Devant un pays qui souffre et qui reste déchiré, chacun doit maintenant prendre ses responsabilités : si les appétits individuels ne cèdent pas le pas à l’intérêt général, si les dirigeants politiques ne s’emploient pas à faire taire les semeurs de désordres et ne les empêchent pas de nuire, si chacun ne se met pas au travail de suite pour assurer l’activité économique ou la bonne administration du pays, nous connaîtrons des jours plus sombres encore que ceux que nous avons vécus ». Le Président Joseph KASA-VUBU reste une figure emblématique du politicien honnête ; son honnêteté et sa simplicité, en effet, sont devenues proverbiales, lui qui, « de retour de voyage, avait la coutume de remettre à la Banque Nationale la part non dépensée de ses frais de mission, parce que cet argent, disait-il, ne lui appartenait pas, mais appartenait plutôt au peuple ». Oui, retenons cela comme proverbial : « Etre honnête comme le Président Joseph KASA-VUBU ». Cette éminente personnalité a terminé son parcours terrestre ici au Mont Kinsundi dans le plus grand effacement.
8. Pour le monde, ce type d’homme est gênant. Prêcher l’honnêteté, l’humilité, la justice, la pitié et le sens du service non seulement avec des paroles, mais en vivant soi-même ces vertus, c’est ramer à contre courant, comme le dit Jésus dans l’Evangile que nous venons d’entendre : « gardez-vous bien de toute âpreté au gain…». Et avec un ton pessimiste Qohélet radicalise : « Vanité des vanités, tout est vanité ».
9. Oui, Son Excellence Monsieur le Président Joseph Kasa-Vubu, se situe sur la lignée de ces âmes nobles, qui savent donner leur vie pour le bonheur de leurs frères et sœurs, oui, il est de cette famille des amis de Dieu, des serviteurs de l’Eternel. Dans cette lignée-là se trouve aussi le roi Salomon, dont nous parlent les saintes Ecritures : « Demande-moi ce que je dois te donner, oh ! Salomon », lui dit Yahvé. Et nous savons ce qui a préoccupé le grand roi Salomon : « Tu as témoigné une grande bienveillance à ton serviteur David, mon père, étant donné que celui-ci a marché devant toi dans la fidélité, la justice et la droiture du cœur à ton égard ; tu lui as gardé cette grande bienveillance et tu as permis que moi, son fils, je sois aujourd’hui assis sur son trône. Maintenant, Yahvé, mon Dieu, tu as établi roi ton serviteur à la place de mon père David, et moi je suis un tout jeune homme, je ne sais pas agir en chef. (…). Donne à ton serviteur un cœur plein de jugement pour gouverner ton peuple, pour discerner entre le bien et le mal, car qui pourrait gouverner ton peuple qui est si grand ? » (1 R 3,6-9). Le grand roi Salomon n’est pas agité par la soif de l’or, du diamant, de l’argent, des richesses matérielles. C’est plutôt la fidélité à Yahvé dont il reçoit le pouvoir, la justice, la droiture de cœur, le discernement du jugement qui le préoccupent.
10. C’est cela qui fait la grandeur de Salomon. N’est-ce pas aussi ce haut sens de justice et d’honnêteté, cette droiture de cœur, le discernement du jugement qui font aussi la grandeur du Président Joseph KASA-VUBU ? Cette grandeur d’âme récompense toujours : Salomon a reçu de Yahvé non seulement un cœur sage et intelligent, comme personne n’en a jamais eu, mais aussi : « même ce que tu n’as pas demandé, je te le donne aussi, lui dit Yahvé, une richesse et une gloire, comme à personne parmi les rois après toi ». La noblesse d’âme ne peut passer inaperçue, la générosité et le don de soi paient toujours. Aucune tentative d’étouffement ne pourra jamais les rayer de la mémoire d’un peuple. Le souvenir de la grandeur d’âme du Président Joseph KASA-VUBU restera toujours vivant dans la mémoire des filles et des fils de ce pays, parce que la générosité, le don et l’oubli de soi provoquent toujours un tel effet de contraste vis-à-vis de l’égoïsme généralisé que ces vertus brillent comme des étoiles dans la nuit.
11. Le Président Joseph KASA-VUBU, un sage s’il en fut un, était doté de cette sagesse qui vient de Dieu, laquelle, comme écrit St Jacques, est d’abord droiture et par suite paix, tolérance, compréhension. Ce sont des vertus qui réellement le caractérisaient. Cette sagesse-là est pleine de miséricorde, elle est féconde en bienfaits, sans partialité et sans hypocrisie. Car, conclut St Jacques, c’est dans la paix qu’est semée la justice, qui donne son fruit aux artisans de paix (cf Jc 3,13-18).
12. A l’occasion de cette Eucharistie, nous voulons rendre grâce au Seigneur, pour sa Providence qui a suscité à notre pays cet homme courageux qu’est le Président Joseph KASA-VUBU. Nous voudrions dire un sincère merci au Président de la République et au Gouvernement pour n’avoir pas ménagé les efforts sur le plan national dans la mise en valeur de la mémoire de Feu Joseph KASA-VUBU, premier Président de ce pays ; nous pensons au Mausolée de Singini et au monument récemment dressé à Kinshasa. Aux Autorités provinciales nous exprimons aussi nos sincères reconnaissances pour avoir eu et concrétisé l’idée d’ériger dans la ville de Boma un monument mémorial de Feu Joseph KASA-VUBU. A tous ceux et toutes celles qui ont milité pour cette même cause exprimons également nos sincères reconnaissances.
13. Nous saisons aussi l’occasion pour inviter tous ceux et toutes celles qui ont adopté le nom de Joseph KASA-VUBU, et nous pensons particulièrement à notre chère Université d’Etat Président Joseph KASA-VUBU. Ce n’est pas par hasard ou par snobisme que cette jeune Université est consacrée à la mémoire de Joseph KASA-VUBU. La motivation première et fondamentale est d’inciter à la pratique des vertus qui ont illustré cet homme d’Etat : son sens de décision et de ténacité ; son intégrité ; son sens de l’honneur ; sa fidélité à la parole donnée ; son patriotisme intransigeant ; son courage politique intrépide ; son ardente ambition pour l’édification d’une nation fière, prospère et libre ; sa hantise du peuple et du bien commun ; et enfin, sa volonté de rassembler le peuple Kongo autour d’un pacte de réconciliation au-delà de toute sorte de diversités. Voila chers étudiants et professeurs de l’UKV la tâche qui vous a été confiée ; menez-la à bon port.
14. Aux hommes et femmes politiciens catholiques, à la lumiere du témoignage de Joseph KASA-VUBU, je voudrais adresser une brève exhortation reprenant les termes du message des évêques de la RDC aux acteurs politiques catholiques à l’occasion du jubilé d’or de l’Indépendance de notre pays. Chers frères et sœurs acteurs politiques catholiques, hommes et femmes, vous avez la lourde responsabilité d’être, de par votre baptême et votre confirmation, les « ambassadeurs du Christ » (2 Co 5, 20) dans les milieux politiques. Comme le dit le deuxième synode pour l’Afrique, vous êtes l’Eglise de Dieu dans les lieux publics de notre société. Grâce à vous, la vie et le témoignage de l’Eglise sont rendus plus visibles au monde. (cf. n. 22). Vos évêques, ceux de la RDC, encouragent toute action et tout engagement politique efficace pour l’avenir de la Nation. S’engager en politique, c’est s’engager à servir (Cf. Mt 20, 26-28). Dans ce sens, la politique ne peut en aucun cas être rabaissée à la course aux honneurs et à l’argent. Sinon elle devient une trahison permanente de l’excellence, du service et de la promotion du bien commun qui empêche de chercher les privilèges, le secours abusif et de s’abandonner aux délices de l’Etat-Providence.
15. Aux fils, filles, neveux, nièces, membres de famille directs du défunt Président Joseph KASA-VUBU, votre dette vis-à-vis de lui est immense ; de vous nous attendons un intense apport spirituel et moral, notamment dans la perpétuation des valeurs du défunt Président, valeurs de solidarité, de sens du pardon et de la réconciliation, de hantise du peuple et du bien commun.
16. Enfin, à nous tous ici présents, l’exhortation de l’heure c’est l’enrôlement. Je ne cesse de le répéter : voter est un devoir de chrétien ; nous avons besoin de nombreux bons et saints politiciens qui peuvent nous défendre et promouvoir le bien commun ; si nous ne nous enrôlons pas, non seulement nous n’aurons pas l’occasion de voter mais nous perdrons aussi la possibilité d’avoir beaucoup de représentants qui peuvent contribuer à promouvoir notre bien. Les ancêtres ont dit : "Ku ziami kutuama waku".
17. Pour terminer, tournons notre regard vers l’Eternel, surtout à ce moment qui porte un cachet tout particulier dans notre pays, car nous ne pouvons pas nous permettre de manquer ce tournant de notre histoire. Que Dieu Tout Puissant daigne nous susciter d’autres Joseph KASA-VUBU, serviteurs de la population congolaise, qu’Il nous protège tous et éclaire tous nos dirigeants. AMEN.

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